Les chefs d’état africains sont ils la cible de la cybercriminalité étatique ?
Selon le chef Afrique de la multinationale chinoise Huawei, Steven Yi, « la Chine n’a aucun intérêt à espionner l’Afrique ». Est-ce parce qu’il n’y a rien à dérober ? Ou bien est-ce par accords de bonne entente ? Par ailleurs, cette déclaration semble comporter une ambiguïté subtile car l’Afrique est un continent et que si le continent n’est pas sous écoute, ses Etats pourraient bien l’être. Huawei compte 9000 employés, 17 bureaux de représentations et 2 laboratoires de recherche sur le continent. Elle détient quasiment le monopole dans la fourniture d’équipements technologiques aux États africains.
Ce qui est curieux, c’est d’entendre le chef de Huawei-Afrique défendre le gouvernement chinois qui serait, entre-temps, accusé par des occidentaux d’avoir espionné le siège de l’Union Africaine pendant des années. Selon lui, ce sont de fausses accusations d’autant plus que le président de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, avait démenti ces accusations infondées lors d’une conférence de presse en 2018.
Les journaux français abordent le sujet avec plus de décontraction, le nouvelobs.com a publié, en septembre 2018, en titrant que les vrais décideurs de la diplomatie en Afrique étaient désormais les services secrets.
La sortie du livre d’investigation, « Nos chers espions en Afrique » des journalistes et spécialistes d’Afrique, Antoine Glaser et Thomas Hofnung, mettent en lumière des pratiques que l’on ne cache plus. Si auparavant, on mettait de grands moyens en place pour maintenir au pouvoir ses hommes, les temps ont changé et l’on préfère, selon les investigations des auteurs du livre, porter plutôt assistance aux chefs d’États qui font preuve de gérer une certaine forme de stabilité. Ceci du fait que les nouveaux présidents africains cherchent surtout à développer des contacts avec les plus offrants et peuvent donc se passer des services français.
Se peut-il que les chefs d’Etats africains soient manipulés dans leurs prises de décisions ?
Le fait que de nombreux dirigeants prennent peu d’importance aux nouvelles technologies de traitement de l’information les rend vulnérables.
De plus, les dirigeants ou personnalités placées à des postes stratégiques utilisent très souvent des moyens de communication non-sécurisés ou à la portée de tous, or les divers scandales qui ont éclaté dans les zones occidentales mettent en évidence l’ampleur et la sophistication des méthodes d’espionnage.
Combien de ministres utilisent Yahoo!, Gmail, ou Whatsapp dans l’exercice de leurs fonctions ? Savent-ils que toutes leurs communications sont enregistrées ?
Si jamais les pays africains continuaient d’être la cible des services secrets occidentaux, alors il y a de fortes chances que les intentions derrières soient calculées d’avance.
Si cela était avéré, il y a de fortes chances d’affirmer sans soucis que le cours des événements qui ont lieu en Afrique est également orchestré d’avance.
Il serait intéressant de savoir si nos dirigeants sont conscients de cela et surtout s’ils peuvent affirmer qu’ils maîtrisent la situation.