Bénin - la nouvelle architecture du système éducatif

Les réformes dans le système éducatif béninois ont connu leur exorde le 8 Août 2017 sous l’autorité du ministre Karimou Salimane lors de la validation de la lettre de politique du système éducatif. De façon générale, les réformes attendues dans le système éducatif devraient trouver leur épilogue en 2030.

Plusieurs maux plombent actuellement le secteur éducatif béninois, entre autres, le déficit d’enseignants qualifiés, l’insuffisance de salles de classes et aussi le manque de suivi des enseignants.

Concernant la formation des aspirants au métier d’enseignant, plusieurs pistes de solutions existent. Selon Alexandre Adjinan, professeur certifié de français, l‘État devrait « avoir une idée claire des besoins et prendre les dispositions depuis le collège jusqu’à l’université afin que les profils recherchés soit effectivement disponibles ».

Pour l’heure, le gouvernement compte restreindre l’accès aux Écoles Normales d‘Instituteurs (ENI), de sorte que les futurs instituteurs aient au moins le BAC en poche avant d‘y accéder. L’objectif principal visé par cette nouvelle restriction serait de rehausser le niveau des instituteurs sortant de l‘ENI.

La nouvelle architecture proposée par le gouvernement est plutôt structurelle. Elle est constituée de 3 niveaux répartis en 2 grands blocs. Premièrement, il s’agit de l’enseignement de base et ensuite de l’enseignement supérieur, la recherche scientifique et l’innovation.

La nouveauté qu’apporte la nouvelle configuration architecturale est l’intégration du second cycle de l’enseignement secondaire générale dans l’enseignement de base. À ce niveau, on parle désormais de niveau postscolaire de base.

Le premier niveau de la nouvelle architecture caractérise le fondement même de l’enseignement de base. Ce niveau est adressé aux jeunes citoyens béninois de moins de 15 ans, et regroupe plusieurs composantes dont:

- une composante préscolaire de 2 ans permettant d’assurer l’éveil des fonctions physiques, psychologiques et mentales du nouvel apprenant. Dès l’âge de 3 ans, chaque parent soucieux de l’avenir de son enfant devrait l‘inscrire pour passer 2 ans à la maternelle.

- une composante scolaire de 10 ans répartie distinctement en 6 années d’enseignement primaire sanctionnées par une évaluation permettant à votre enfant d’obtenir un certificat d’étude primaire, puis 4 années au premier cycle de l’enseignement secondaire pour lui permettre de façonner sa personnalité. L’obtention du BEPC lui permettra ensuite s‘il est studieux d’accéder au second cycle de l’enseignement secondaire.

Par ailleurs, les moins chanceux ne seront pas vite oubliés au profit du secteur informel, des composantes alternatives existent et seront déployées afin de faciliter leur insertion dans la vie active en passant par exemple par des modules d’apprentissage. Il est dit qu’à ce niveau, des évaluations seront également proposées et leur permettront d’obtenir un Certificat de Qualification Professionnel (CQP) ou un Certificat de Qualification au Métier (CQM). Plusieurs possibilités de mises à niveau ou d’orientation sont aussi évoquées afin de permettre aux moins chanceux d’atteindre l’équivalent du niveau postscolaire donnant droit à des formations techniques et ou professionnelles.

C’est le troisième et dernier niveau après le niveau scolaire de base et le niveau postscolaire. Il est nécessaire d’avoir réussi son baccalauréat pour y accéder. Ce niveau est scindé en deux groupes, notamment l’enseignement supérieur d’une part et la recherche scientifique et l’innovation de l’autre.

L’enseignement supérieur donne droit à des formations permettant à l’étudiant d’obtenir une licence, un master et un doctorat. La durée de la formation dépendra de la nature de la formation choisie et varie normalement entre 3, 8 et 11 ans.

La recherche scientifique, quant à elle, continuera de servir de socle aux développement et à l’innovation.

Il faut néanmoins prendre du recul face aux grands mots. La seule application réaliste à considérer pour l’heure est que le second cycle de l’enseignement secondaire fera désormais partie de l’enseignement de base.

Au fond, le cursus de l’apprenant ne devrait pas être bouleversé par cette nouvelle architecture ou ajustement. Il est aussi légitime de voir des coïncidences entre cette modification et le fait d’avoir restreint par exemple l’entrée à l’ENI uniquement aux élèves qui n’ont pas abandonné avant le Baccalauréat.

On pourrait aussi se chamailler sur les motivations réelles de ce changement et les résultats escomptés, mais il ne sert à rien de mettre du beurre sur le feu.