Le Professeur Aimé AVOLONTO a, lors de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance du Bénin, invité quelques imminentes personnalités béninoises à se prononcer sur diverses questions importantes liées au développement au Bénin. Cette invitation a été honorée par tous à travers une vidéoconférence diffusée sur les réseaux sociaux.
Compte tenu de mon programme, et de mes obligations privées, je n’ai pas pu avoir l’occasion d’exposer au peuple béninois la synthèse de mes convictions sur le sujet qui m’a été attribué. Je profite donc de l’occasion d’un article pour revenir sur la question tout en mettant en avant les défis liés à l’utilisation des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) dans le cadre de l’urbanisation au Bénin.
Avant tout, j’aimerais remercier le Professeur AVOLONTO qui a eu l'ingénieuse idée d’inviter un informaticien pour opiner sur une thématique aussi dense que les défis sociaux liés à l’évolution de l’urbanisation dans notre pays.
En effet, les NTIC sont omniprésentes dans tout ce qui se fait ou se fera de mieux aujourd’hui et dans l’avenir. Ces technologies participent principalement à rendre les villes plus intelligentes en offrant des services adaptés aux besoins des principaux acteurs qui y sont présents. L’aboutissement du maillage Urbanisation et NTIC donne accès à ce que tout le monde s’accorde à nommer «Smart-City» ou ville intelligente.
L’urbanisation en Afrique et plus particulièrement au Bénin accélère très vite avec une moyenne de 4% par an tandis que dans le reste du monde, cette accélération atteint rarement 2% (source: AFD).
De l’autre côté, cette ascension est selon les experts déconnectée de l’évolution de la croissance économique et même de l'attractivité des villes concernées, entraînant ainsi de nouveaux défis, notamment sociaux, aux collectivités locales et plus généralement aux États.
Les défis liés à l’urbanisation dans nos zones urbaines sont nombreux. Parmi ceux qui sont d’ordre social, nous pouvons citer des défis liés au foncier, aux diverses politiques de l’Habitat, à l’accès aux services sociaux de base tels que l’eau, l'énergie et aux mécanismes d’assainissement du cadre de vie, la maîtrise des activités informelles qu’engendrent l’exode rurale et, pour finir, les défis liés aux transports.
Ce qui est rassurant, c’est que des solutions existent.
Premièrement, l’urbanisation ne doit pas devenir un problème pour les communautés rurales qui constituent de grandes zones de production notamment agricole.
Deuxièmement, les politiques d'aménagement du territoire devront pouvoir être capables d’anticiper la planification de l’Habitat qui constitue un problème majeur avec les déplacements de population.
Tous ces défis nous amènent à envisager des politiques nationales d'urbanisation pragmatiques, intelligentes et capables d’être financées.
En France, plus précisément à Paris, 3620 EURO sont consacrés par habitant à l’urbanisation, tandis qu’au Bénin, seul 10 EURO y sont consacrés (source: AFD).
Le principal défi à relever au Bénin sera de se servir de l’urbanisation comme un catalyseur de développement capable d’harmoniser le processus de développement de tous les secteurs d’activité présents dans notre société.
Ceci implique l’engagement et l’intervention proactive de l’Etat, des collectivités locales, des entreprises et aussi de la population.
Il est possible d'améliorer l’architecture des arrondissements et des quartiers de sortes à permettre à chaque famille l’accès direct aux services sociaux de base au niveau des arrondissements voire des quartiers. Ce qui est certain, c’est la conviction que notre génération est capable de revoir les politiques d’urbanisation du passé tout en mettant l’accent sur la proximité et les nouvelles technologies.
Chaque arrondissement devrait disposer d’entreprises capables d’employer la majeure partie de la population qui y vie. Aux intersections des quartiers d’un même arrondissement, on aurait école et marchés. Des espaces verts pour aérer les résidences dans les quartiers. Des espaces de loisirs pour remplacer certains lieux de jouissance peu recommandés. Le déploiement d’une meilleure politique d’assainissement axée sur le recyclage en misant sur la conversion des déchets en énergie. Puis le recours à une énergie bio, notamment avec l’énergie hydraulique, éolienne, solaire etc....
Hormis ces points salvateurs sus-cités, l’investissement dans les transports publics ou en commun permettra de réduire les divers types de pollution qui indirectement tuent avant l’âge naturel.
Les nouvelles technologies ne participent pas qu’à la démocratisation de l’accès à l’information, elles permettent également le renforcement du sentiment de proximité tout en réduisant les mouvements physiques de personnes. Lorsque les administrations sont dotées de technologies capables de les informer sur les changements qui ont lieu à l’intérieur des zones urbaines, elles ont la possibilité de contrôler les ressources nécessaires au développement de leurs cités.
Investir dans les NTIC donnera la possibilité aux collectivités locales de mieux gérer les ressources disponibles tout en optimisant leurs utilisations. Pendant que nos administrations acquièrent plus de visibilité sur les mouvements des personnes et de leurs biens, les citoyens recourront à ces technologies pour communiquer à tout moment avec elles. Par exemple, un citoyen disposant d’un Numéro Personnel d’Identification n’aura plus besoin de fournir des copies ou photocopies de divers autres documents avant de réclamer un passeport ou une nouvelle carte d’identité.
Les principaux défis lors du couplage des NTIC dans le processus d’urbanisation se situent d’une part au niveau de la fiabilité de l’architecture d’ensemble des systèmes adoptés et de l’autre de la qualité des données prédestinées à être traitées.
Pour conclure, l’utilisation des NTIC peut intervenir à tous les niveaux du processus d’urbanisation de nos cités. Une utilisation réussie, permet de réguler l’administration, les citoyens, les transports, l’économie et l’environnement.