Paris, le 1er octobre 2020
Une partie de ce témoignage a été écrite et l’autre partie transcrite à partir des audios
Partie écrite reçue à 2h 23 AM (Heure du Québec, Canada)
Bonjour Thôm1,
Je viens de prendre connaissance de ton BEL HOMMAGE et TÉMOIGNAGE pour notre grand-frère, confident et conseiller fofo Codjo HOUESSOU ENIANLOKO, avec qui je porte le même prénom Codjo.
Merci infiniment pour cette mémoire!
Nous regrettons et regretterons toujours notre grand-frère Codjo.
Qu’il soit heureux dans les firmaments!
Il ne passe pas trop de temps avant que nous ne parlions de lui.
Nous vivons avec lui, nous ne l’oublierons jamais.
Il a adopté André, mes sœurs Thérèse et Brigitte, Joseph et moi-même. Nous l’aimons au vrai sens du terme. Je t’avais raconté un peu les temps que nous avons passés avec lui dans notre existence,
J’aime le raconter encore et encore.
Tu connais réellement et bien ton père. J’ai lu avec grande émotion tes témoignages.
Tout ce que nous disons vient du cœur et c’est sincère. Nous regrettons vraiment la disparition prématurée de papa. Effectivement, il nous a adoptés, nous les enfants de Samuel DEGUENON.
J’étais en service militaire après mon baccalauréat, quand mon grand-frère André m’avait dit qu’il avait retrouvé fofo Paul. A Tori, nous entendions souvent parler de Dénouton (l’appellation commune de sa mère dans le village) mais on ne savait pas qui était son fils Paul. On ne connaissait pas fofo Paul. On connaissait seulement son jeune frère Georges qui venait de temps en temps à Tori le week-end. J’ai demande à André comment il est parvenu à entrer en contact avec fofo Paul. Il me répond que c’est par le biais de fofo Gaston Tondé, un de nos aînés de Tori. Celui-ci avait conduit André chez fofo Paul. André avait déjà commencé à travailler à cette époque. Je crois qu’il était au service des TP. André m’annonce ensuite que nous devons aller voir fofo Paul. Et c’est ainsi que J’ai retrouvé fofo Paul en 1980 à la Cité Vie Nouvelle.
J’étais tout heureux de le voir. Je l’avais déjà rencontré avant de retrouver Grand-maman, sa mère à Gbégamey. Quand fofo nous avait vu, il était très heureux. Il nous avait raconté son histoire. Il avait dit que quand il était petit à Tori, il était un peu turbulent et qu’il roulait à mobylette. Il était tout petit à Tori. Quand nous serons un jour à Tori, je te montrerai les rails dont il est question. Il a dit qu’en roulant la mobylette et arrivé au niveau des rails, la roue de la mobylette s’était coincée dans les rails et qu’il se démerdait à l’enlever alors que le train arrivait au loin à grande vitesse. Il y avait un tournant où le train est à peu près un kilomètre de la vue, on voit le train arriver. Il faisait tout pour sortir la roue et dégager de là, mais n’y arrivait pas. C’est en ce moment que notre père Samuel apparaît et le prend tout en entier avec la mobylette car le train était déjà presque à son niveau. Ensuite, tous les deux (2) étaient tombés à terre un peu plus loin et enfin hors du danger comme dans un film, comme dans un western.
Donc, fofo Paul n’a jamais oublié. Quand il nous avait vu, il était tellement content et comme il a grandi un peu à Tori avant de partir, il connaît notre papa, notre mère et un peu tout le monde.
Nous étions encore petits à cette époque. Il était déjà là avant que nous soyons tous nés. Donc, il connaît bien la famille, il connaît bien notre papa. Du coup, il nous a adoptés directement. Sinon, quand nous étions à Cotonou, quand nous sortions, notre seule destination était Akpakpa chez lui. Il nous a pris comme des frères et nous donnaient beaucoup de conseils pour réussir dans la vie, Quand nous avions aussi des problèmes ou inquiétudes, nous venions les lui soumettre et on suivait ses conseils.
Pour dire comment il est structuré, à deux semaines de son retour de France à l’époque où il étudiait et rentrait en vacances une fois par année, il appelait André et moi. Il nous disait qu’il faut préparer une fête, d’évaluer tout et qu'à son arrivée, il règlerait tout. Donc, nous préparions tout et quand il arrivait, nous faisions des soirées dansantes à la maison chez vous.
En ce moment, j’étais encore jeune et je n’avais pas encore fait la connaissance d’Émilie qui sera plus tard mon épouse.
Ce n’est que plus tard que j’ai connu Émilie et évidemment, il fallait que je la lui présente. Plus tard, André et moi avions eu notre premier enfant à la même date, le 25 décembre 1985. Alors, à leur premier anniversaire, fofo Paul avait décidé que la fête sera à Akpakpa chez lui et c’est comme cela que la nuit du 24 décembre au 25 décembre 1986, nous avions fêté le premier anniversaire de nos deux enfants chez lui. Pour immortaliser la soirée, fofo Paul, avec son appareil photo avait pris beaucoup de photos dont celle qui apparaît dans cet article plus haut. J’avais dans les bras notre enfant et Émilie à mes côtés.
Donc, fofo Paul voyant que nous étions si jeune, nous a structuré . Et quand tu as commencé à grandir, il a commencé à t’appliquer en même temps les mêmes choses, comment te structurer, comment te débrouiller.
C’est dire que ton papa dans la rigueur du travail et les difficultés de la vie, sait quand il faut s’amuser et quand il faut être sérieux.
Et je pense qu’en plus de tout ce que mon papa m’a transmis, il y a ce côté que j’ai copié de lui. Je sais quand m’amuser et quand je dois travailler. Quand c’est sérieux, c’est sérieux.
Il aimait beaucoup la musique. Tu te souviens, il avait même mis ses haut- parleurs sur les murs de sa terrasse et il cassait les oreilles aux voisins qui n’osaient pas lui dire quoique ce soit. Fofo Paul était en avance sur son temps. Tu te souviens qu’à cette époque-là, 1985-1986, il gérait déjà toute l’électricité de toute la maison de sa chambre. Il avait déjà mis la caméra. La caméra de surveillance qui est maintenant en vogue, fofo Paul, l’avait déjà en ce temps-là. Il avait aussi un répondeur téléphonique à la maison. Comme je te l’avais dit, on était de jeunes adultes, il nous a considérés. Il voulait qu’on soit propre et bien habillé et là, lui, il est fier.
En 1984, je n’ai jamais oublié, le 10 novembre 1984, je devais aller en mission à Dakar pour une formation en bureautique, c’était la première fois que je sortais du Bénin et c’était d’ailleurs la première fois que je prenais l’avion dans ma vie. Je travaillais à l’Office Béninois de l’Informatique (OBI) et j’étais programmeur à l’époque. J’avais informé fofo Paul qui était très heureux et c’est lui la première personne à me donner une cravate dans ma vie. Il m’a montré comment on la noue. J’ai donc porté ladite cravate pour aller à Dakar. Pour que je sois toujours bien et ne fasse pas piètre figure dans le groupe, il m’avait remis sa mallette et un appareil photo. Donc, avec ça, je n’étais pas dépaysé parmi les autres. J’avais ma cravate bien nouée et j’avais toujours ma mallette. A cette occasion, il m’a indiqué ton oncle Firmin qui était parti à Dakar depuis 1958 et il était rentré quelques deux (2) fois. Je pense que c’est ton oncle Denis qui l’avait emmené là-bas dans le temps et il s’est établi définitivement à Dakar. Ton papa avait son adresse et me l’avait confié et j’étais allé le voir. J’ai appris que lui aussi est déjà décédé maintenant. Il m’avait bien reçu. J’ai diné avec la famille et j’étais allé encore le voir une autre fois avant de repartir.
C’est dire que fofo Paul est bien, c’est un bon vivant. Il a toujours voulu qu’on soit bien dans la société André et moi, qu’on y arrive. Ce sont ces genres d’évènements qui vous marquent. De mémoire, vers fin novembre 1984, je connaissais déjà Émilie et naturellement il fallait impérativement la lui présenter. D’ailleurs, je lui avais déjà parlé d’elle dès que j’avais fait sa connaissance, je venais à la maison avec elle. Et tu sais, avec les femmes, on a toujours de petits différends. Et naturellement, il y a toujours une ou deux tantes qui n’approuvent pas l’union et pour un oui ou non, elles te créent des problèmes. Donc, il y avait eu un évènement et une des tantes d’Émilie voulait compliquer les choses et j’en avais parlé à fofo Paul. Fofo Paul m’avait dit de ne pas m’inquiéter, de rester tranquille et qu’il va régler la situation. Je lui ai raconté ce qui se passe. Il a un principe que j’aime et que j’ai adopté aussi. Quand tu lui poses un problème, il reste tranquille, il te laisse raconter et quand tu finis, il te demande 3 fois de suite : « Épi, tu as fini? C’est vrai tout ce que tu dis là? » Et tu réponds, oui fofo. Et surtout, il avait l’habitude de s’asseoir dans son fauteuil traditionnel en tissu sur la terrasse. Et quand tu réponds oui, il va te dire, laisse-moi gérer cela. Il m’a demandé de lui trouver le numéro de la tante pour la joindre. Ce que j’avais fait. J’ai pu trouver le numéro de la dame chez qui la dame habitait à Missebo puisque la tante résidait à Abidjan et faisait des tours au Bénin. Émilie n’était au courant de rien. Ton papa avait effectivement appelé la tante et lui avait parlé sérieusement. J’étais à côté de lui. Il a parlé pendant de longues de minutes avec sa voix qu’on lui connait avec la tante. Il a tellement enseigné qu’il a une voix qui porte et il parle un français limpide. Comme il a beaucoup enseigné aussi, quand il prend la parole, c’est convaincant. Il avait même dit à la tante que ce sont les jeunes et de laisser les jeunes vivre leur vie. Et après ces échanges, c’était fini, la tante a revu sa position. C’était dans les années 1983.
Un autre fait marquant.
Ce qui m’a aussi marqué (Émilie aussi va te le confirmer pour que tu entendes sa voix, elle aussi va parler un peu) et c’est concernant elle-même d’ailleurs.
J’ai connu Émilie vers le milieu de l’année 1981 et en 1982, les choses étaient devenues plus ou moins claires.
Quand j’étais revenu de Dakar, ils ont dit qu’on doit donner la petite dot à Émilie pour demander sa main et j’ai demandé la procédure à mes futurs beaux-parents puis j’en avais parlé à fofo Paul. Il m’avait dit de ne pas m’inquiéter et d’aller voir grand-maman. Je suis allé effectivement informer grand-maman qui m’a dit qu’il n’y a pas de problème et que je dois voir ses tantes et son père qui vont nous préciser comment organiser la cérémonie de dot. Donc, j’étais allé les voir et ils ont dressé une liste de choses. Grand-maman avait donc dit que cela ne pose aucun problème et qu’elle organiserait le tout. Effectivement, elle avait une dame à Gbégamey qui sait bien organiser et gérer de telles cérémonies. Grand-maman est allée la voir et j’ai fait acheter tout ce que la famille d’Émilie avait demandé. Fofo Paul a demandé à grand-maman de lui faire signe quand tout serait prêt pour qu’il se présente en personne à la cérémonie et faire partie de la délégation. Ils ont dit que le futur mari ne doit pas se présenter à la cérémonie. Émilie était allée chez sa tante qui l’a accompagnée pour aller sur le lieu de la cérémonie. Fofo Paul a embarqué les membres de la délégation pour les conduire dans la maison familiale à VOG ou devrait se dérouler la cérémonie. La cérémonie durait plus longtemps que la norme, je m’impatientais et tu sais qu’exprès les gens compliquent les choses pour pouvoir vous soutirer plus d’argent. C’est un peu plus tard dans la soirée que la délégation était revenue et les gens m’ont raconté comment s’était déroulée la cérémonie. Ils ont dit qu’on leur avait mentionné qu’il manquait une boisson et fofo Paul leur avait remis 5000 F et ils étaient partis acheter la liqueur en question. Par la suite, ils ont encore dit qu’il manquait certaines choses encore. Les membres de la délégation ont demandé quel montant pouvait couvrir les choses manquantes. Les parents d’Émilie avaient estimé le montant à 15000 F et fofo Paul a sorti les 15000 F. Donc, pour ce qui concerne Émilie, c’est comme cela qu’il a su bien gérer pour moi.
Et il a toujours été présents dans ces genres d’évènements. Le dernier évènement qui m’a marqué et après lequel je ne l’ai plus vu avant sa mort est que c’était lui qui était venu m’accueillir à l’aéroport un 14 juillet après un séjour de 3 ans en France. Et ce jour-là, il avait plu sérieusement. Il m’avait demandé comment s’était passé mon séjour. Et quand, je lui avais fait le point, il était très heureux. Sans te mentir, sincèrement, il était heureux que je sois parti en France de cette façon et que j’ai pu faire tout ce que j’ai prévu avant de rentrer. Je peux te garantir que c’est le seul, y compris mes frères et sœurs qui m’a vraiment félicité par rapport à tout ce que j’avais accompli. Et quand je suis reparti en France après mes vacances, peu de temps après, nous avions appris le décès brutal de fofo Paul.
Votre papa était un grand homme et il vous avait éduqué comme des garçons et avec beaucoup de rigueur parce qu’il aimait faire ses choses avec rigueur. Il voulait beaucoup vous voir réussir dans la vie. Il avait fait du bien et que du bien dans sa vie. Malheureusement, Dieu l’a enlevé subitement. Il est en avance sur son temps: cultivé, très doué, altruiste et d’une lucidité hors pair. Il a ponctué notre vie de certains actes que nous n’oublierons jamais. Nous ne cesserons jamais de penser à lui et à ses descendants. Nous vous aimons beaucoup, vous les enfants.
Ton frère, ta sœur et toi avez notre amour éternel. Point de barrière entre nous, vous êtes dans nos cœurs à jamais.
Merci à toutes et à tous.
Merci, Merci, Merci.
Fraternellement,
Pour cloturer le mois d'hommages, une émission virtuelle est prévue en Facebook Live sur la page de VITAL PANOU PERSO https://www.facebook.com/Vital.M.Panou, demain dimanche 1er novembre 2020 à 18:00 (Heure du Bénin) et à 12:00 (Heure de New York).
Nous laisserons le régistre des témoignages ouvert jusqu'au 30 novembre prochain. Mais, nous mettons fin aujourd'hui aux témoignages quotidiens. Nous publierons de facon sporadique les prochains témoignages qu' éventuellement nous recevrons. Nous vous invitons à consulter de temps en temps la plateforme Africanyouth au http://africanyouth.info/ pour ne rien manquer.
Pour nous Joindre:
Par courriel: enianlokir@yahoo.fr Par WhatsApp: + 1 (514) 298-1504 Par Messenger: Aimerwi Mylife
Merci à toutes et à tous!