Éducation: décryptage de la rencontre du président Patrice Talon avec les représentants syndicaux

N° 251/12-10-2020

Nous avons suivi avec une attention soutenus les multiples diffusions sur l'ORTB de la rencontre. Nous ne faisons pas confiance aux comptes rendus de certaines personnes qui ont voulu faire de la manipulation.

Nous n'avons pas envie de revenir à certains détails. Mais certaines expressions du Président de la République retiennent l'attention: >

Bref, le Président TALON a dit la vérité que les cadres ont coutume de cacher. Nous avons corrigé le 1er concours des aspirants (pour les 2 suivants, nous étions en mission) et avions suggéré, pour des raisons de transparence, une publication des résultats avec les notes obtenues par les candidats. Cela aurait permis de comprendre ce que font les écoles de formation.

Malheureusement, nous n'avons pas été écouté. Nous ne savons pas si nos responsables ont les statistiques sur les taux de réussite aux tests. Mais les propos du chef de l'État étaient empreints d'une vérité indéniable. D'ailleurs, il y avait un syndicaliste qui approuvait ces propos en acquiesçant régulièrement de la tête, comme un margouillat mâle qui avait rencontré une femelle sous un ciel ensoleillé.

Pour le camp d'en face, nous n'avons pas retenu beaucoup de choses en dehors de celui qui a dit que ses collègues seront heureux parce que lui, il a rencontré papa ...et a visité le palais, comme si la gouvernance de l'éducation d'un pays était une affaire de sentiments.

Les aspirants attendaient mieux de leurs représentants et on leur a apporté surprise et déception. C'est normal.

Nous avions bien prédit qu'il n'y aurait pas de négociations mais des explications. Évidemment, l'émotion a malheureusement pris la place de la raison. Nous avions dit que pour défendre efficacement une situation ou une cause, il fallait connaître son histoire, rassembler les statistiques, trouver les stratégies de luttes et engager la négociation.

A la fin, le PR a envoyé les protagonistes à la négociation

Mais quel syndicaliste ne savait pas que les aspirants ont fait 28 à 36 heures hebdomadaires de cours l'année passée. Et, surpris par leur capacité de faire beaucoup d'heures, l'État n'a payé que le premier trimestre pour les heures supplémentaires.

Ainsi, pour avoir entrepris une lutte d'avant-garde en refusant cette pagaille, nous avions été mutés 4 fois en 1 mois. Où étaient les centrales syndicales? Comment avaient-elles réagi face à cet abus d'autorité ?

Il n'y avait que MM. Joseph AIMASSE et Emmanuel ZOUNON qui nous avaient manifesté leur solidarité. Nous leur exprimons ici notre sincère gratitude.

Le Président avait toutes les informations, puisque c'est le Palais qui avait résolu le problème, et sans complaisance.

Cette année, tous les syndicalistes ont eu l'information que l'histoire de 30 heures allait revenir. Et le cabinet a donné les informations suivantes à beaucoup de syndicalistes (26 septembre) : 👉🏾 30 heures sont faisables et toutes les matières, disciplines ne sont pas concernées. Des enseignants en auront moins. C'était précis : la majorité aura entre 24 et 28 heures. 👉🏾 La bivalence est possible et se fera dans l'ordre et la discipline. D'ailleurs, à ce propos, le SyNaPPeC avait dit qu'il serait difficile pour ceux qui ont des difficultés dans leurs disciplines ! 👉🏾 La gestion des déserts pédagogiques du Couffo, du Plateau et des 4 nords est une obligation de l'État selon le ministre lui-même.

Ceux qui ne veulent pas quitter Cotonou auront le choix entre un emploi et le repos à la maison.

Dans l'Atacora, par exemple, il y a des CEG qui n'ont eu que leurs directeurs comme seuls enseignants. C'est le cas de ce collège où des enfants béninois ont obtenu 0% au BEPC ! Si ceux qui sont allés au Palais de la Présidence savaient comment fonctionne le Régime TALON, ils auraient compris que la solution aux 30 heures ne se trouve pas là-bas.

le premier citoyen a été obligé de nous parler des diplômes de complaisance que nos inspecteurs, nos CP et universitaires (formateurs) décernent abondamment.

Nous avons un problème systémique au niveau de l'éducation nationale. Les problèmes d'aujourd'hui sont les résultats des errements de 60 ans de gestion calamiteuse. Les solutions trouvées au chômage étaient, entre autres, la préinsertion, les 20.000 emplois, les missions d'enseignement au Nigeria.

Dans l'analyse de la rencontre avec le Président TALON, seul M. Robert DEGNON a fait une bonne analyse qui a montré comment nous, en 1996, avions fait pour aller vers la stabilité de l'emploi. Il a montré que nous n'étions pas des pleurnichards car nous sommes des enseignants qui savaient faire autres choses. Et nous sommes capables d'analyse stratégique et parfois de nous vendre cher.

En 1995, votre serviteur a été muté à Allada comme enseignant préinséré et il refusa d'aller prendre service. A la maison, il effectua la fabrication de sacs en matière plastique pour satisfaire ses besoins vitaux. Il forma surtout des gens qui travaillaient pour lui. Il créa surtout un centre de photocopie, RED multiservices, qui se rendit très utile aux enseignants en formation à l'ENS de Porto-Novo en 2000. Nous nous rappelons comme si c'était hier qu'une dame avec sa maîtrise en chimie était devenue photographe et gagne sa vie aujourd'hui à l'extérieur.

C'est ce manque d'audace et d'initiative qui caractérise la jeunesse confrontée au mythe du diplôme. Rares sont les jeunes qui sont comme Fréjuce COMLAN. Ce jeune préinséré qui a été radié en 2019 pour avoir refusé de prendre 28 heures avait un diplôme de lettres modernes. Il est par ailleurs analyste programmeur informatique et développeur Web. Pendant les 2 mois de crise de radiation (Novembre et janvier) il avait eu un gros marché dans le nord du Bénin. Aujourd'hui, il est recruté en Europe Centrale, dans un pays pionnier en programmation informatique. Il a résolu le problème à sa façon.

Malheureusement, tous les jeunes béninois aujourd'hui veulent être universitaires
Mais c'est une bombe en perspective

Ce qui est écœurant, c'est que beaucoup de cadres sevrés par le régime actuel soutiennent aveuglément les jeunes qu'ils n'avaient pas pu recruter lorsqu'ils étaient aux affaires. Ils n'ont été capables que de l'organisation de concours frauduleux et de délivrance de diplômes de complaisance. C'est dommage!

L'autre problème de notre système éducatif, c'est qu'on rencontre de jeunes chômeurs avec une maîtrise et qui trouvent 400.000F pour aller faire master 2 en psychologie, en sociologie ou en, lettres modernes. Sont-il sur la bonne voie ? Nous répondrons non. Avec 400.000F, ils pourraient créer une entreprise.

Ces jeunes préinsérés qui s'accumulent à Cotonou et à Abomey-Calavi, parce qu'il y a l'université. Parmi eux nous avons les responsables autoproclamés. Savent-ils qu'avec 400.000 F à BANIKOARA, à SINENDÉ, à KARIMAMA, ils peuvent faire des miracles en exerçant 2 emplois: énseignant et exploitant agricole ?

En janvier 2020, nous avions voyagé à moto de Porto-Novo à SINENDÉ, BEMBEREKE... Nous avions vu un enseignant ( concomitamment exploitant agricole) de la promotion 1999 vendre 5 millions de maïs de son champ dans le nord du Bénin C'est un instituteur. Sa fille aînée est en 4 ème année de médecine dans une université de la sous-région. Combien d'instituteurs de Cotonou peuvent-ils envoyer un enfant à l'extérieur ?

Chers, jeunes aspirants, l'aspiranat est une solution provisoire et le Président TALON l'a dit. Pour nous, au SyNaPPeC, il doit vite disparaitre. Le SG Robert DEGNON vous a dit ce qu'il faut faire : mériter la confiance de l'autorité politique qui recrute. Ne pas laisser ceux qui ont eu des diplômes de complaisance vous souiller. Retenir surtout qu'on n'insulte pas les autorités.

Enfin, il faut comprendre qu'un syndicaliste qui dit la vérité n'est pas un syndicaliste régimiste. Nous dirons toujours la vérité comme nous l'avions fait au temps des Présidents SOGLO, KEREKOU et YAYI.

Nous finissons ce post en disant avec respect au Ministre que la liste (publiée ce weekend) de répartition des Aspirants comportent de graves irrégularités. Elle est à reprendre.
Un intellectuel Insoumis