SILENCE ! ON TOUILLE

De l’érection qui en jaillira, ce sera une bandaison au doigt et à leurre ! C’est ainsi s’est exclamé Dévo, le Médium consulté par les habitants de la petite cité de Baglo en proie à des agitations depuis quelques temps. Depuis que le chef de canton Talokpémi s’est avisé de prendre une seconde épouse. Une toute nouvelle sur ses vigueurs épuisées. Et Talokpémi, qui ne fait pas dans la dentelle en coton fibre, ne convoite pas n’importe quelle donzelle ; il s’est mis en tête d’enlever à tous les Atchossou aux aguets, la belle et fringante benjamine de la mère Demontassi. Une sculpture de rêve sur un physique à faire clamser un eunuque. La belle Poupouvi, dont la démarche gracieuse mettait tous les soupirants au garde-à-vous, n’aura plus l’opportunité de déchoir, parmi les deux derniers prétendants, le moins vigoureux.

Quand le chef canton est dans la danse, il n’y plus d’enjeu. L’intention caressée par Talokpémi, sous son boumba, est maintenant à nu. Il va falloir vérifier, comme de coutume, la vigueur de la prétention de chacun.

Qui osera dire à la face de l’assemblée réunie pour la circonstance que le chef est moins aguerri ?

Les mauvaises langues soutiennent même qu’il y a longtemps que le chef n’est plus guerrier au front.

Pour couvrir les parties intimes exposées, la cour des thuriféraires a décidé de prendre le devant de la cause. Ils suggèrent que la cérémonie de cour nuptiale soit à huis-clos.

Ils proposent même que les préparatifs d’avant joutes, qui sont des moments séculaires de charme et de force complicité avec le public, soient restreints au seul cercle du chef canton Talokpémi.

C’est pour couronner les arrangements de dessous la ceinture défaillante qu’ ils ont donc sollicité le Médium Dévo qui détient quelques recettes de grand-mère pour tenir les nuits de mauvais temps.