Pince-sans-rire : La démocratie béninoise à l'épreuve ?

Février 1990 – Février 2021.

L'enjeu de la tenue des élections présidentielles dans quelques semaines a presque fait oublier à la classe politique, que notre démocratie célèbre sa trente-et-unième année d’existence.

L'année précédente marquait le trentenaire de la démocratie béninoise. On avait alors eu droit aux discours lénifiants des acteurs de la classe politique béninoise et des principales têtes d'affiche des différentes institutions de la République.

Une année plus tard, l'effervescence autour des candidatures liée à la question de l'avenir du Bénin a pris le dessus sur un sujet pourtant capital pour l'équilibre de la Nation.

Tout comme il est utile de souligner que le Bénin reste une démocratie moderne, et je le pense, il est inutile de rappeler aux différents acteurs concernés par des enjeux aussi cruciaux, que la démocratie est bien « Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. »

Autre contraste saisissant avec l'année dernière, on n'a pas eu droit aux grands coups de communications 2.0, ni à de grandes déclarations médiatiques, encore moins à des analyses pompeuses et constats amers sur l'état de la démocratie béninoise.

Et comme je m'interrogeais il y a précisément un an, « n'est-ce pas le début d'une crise de la trentaine pour la si jeune et fragile démocratie béninoise ? ». Car, entre fébrilités, supposés failles du texte fondamental du pays et les réformes amorcées par le Prince, on se retrouve bien au milieu d'un doute institutionnel qui devient une perpétuelle remise en question. Or, une démocratie remise en question permanente est un facteur indicatif d'un manque de repère , puisqu’elle oblige les politiques publiques à s’expliquer de façon répétée, voire contradictoire sur la gouvernance et les questions y afférentes.

Dans sa transformation, la démocratie béninoise montre certes des signes de fébrilités, mais qui a dit qu’une démocratie fébrile est une démocratie faible comme le laissent penser certains ? Une démocratie fébrile n’est-elle plutôt pas le signe d’une croissance certaine ? D’une évolution ?

La mine sévère de la crise institutionnelle est maquillée par les réformes. Ces dernières nous révèlent de façon abrupte un faux sentiment de vides juridiques qui nécessitent d’être comblés, d’un manque soudain de confiance des institutions envers les béninois et vice-versa.

Cela s’est vérifié non seulement lors des dernières législatives de 2019, qui continuent de faire couler beaucoup d’encre et de salives, mais aussi, par le besoin de révision de la Constitution de 1990 qui s’est matérialisé en décembre 2019 ( révision qui a ensuite actionnée le levier du parrainage, désormais facteur clé dans la course aux élections présidentielles) et par la fragilité des autres institutions de la République, incapables de jouer le rôle de contre-pouvoir qui leur incombe pourtant.

Toutefois, une grande démocratie peut-elle être, si elle ne traverse pas une zone de turbulences ? Prenons tout simplement l'exemple des États-Unis.

Il serait incongru de ne pas reconnaître que, malgré les fortes turbulences, les réacteurs de notre appareil démocratique sont toujours en marche. Mais, pour combien de temps encore ? Incertitude.

Ce qui est certain il n’est plus question de revenir en arrière, il faut regarder vers l’avant. L’avenir du Bénin en dépend.