La stratégie de la terre brûlée de l'opposition au Bénin a peut-être atteint ses limites car inefficace de bout en bout.
Mais qu'est-ce qui pourrait expliquer ce revers, paradoxalement attendu ? Le général Koutousov était froid mais pragmatique face à un Napoléon machiavélique et fin stratège. Pourtant il a eu raison grâce à une guerre brute, brutale axée sur une politique de la terre brûlée. Napoléon stupéfait affirmera : « Cela dépasse tout : (…) c'est une tactique horrible, sans précédent dans l'histoire de la civilisation. Brûler ses propres villes ! Le démon inspire ces gens. Des barbares. Quelle résolution farouche, quelle audace. »
En faisant la transposition en politique, car, désormais loin de l'époque des conquêtes napoléoniennes, Mathieu Kerekou en 1996, avait utilisé la même stratégie face à un pouvoir sortant organisé et doté d'un bilan pourtant solide. Résultat des courses il est élu pour un mandat de cinq ans qui sera renouvelé.
Il en découle que l'absence d'une stratégie peut se transformer en stratégie et mener à la victoire, notamment à cause du caractère imprévisible matérialisé par une politique de la terre brûlée qui méprise tout ce que le système au pouvoir met en place. Bref, un rejet des réformes et des textes nés durant la mandature de ce pouvoir.
En marge des présidentielles du 11 avril 2021, la Commission électorale nationale autonome (CENA) a retenu provisoirement depuis ce vendredi de trois candidatures donc, trois duos :
- Alassane Soumanou et Paul Hounkpè, - Patrice Talon et Mariam Chabi Talata, - Corentin Kohoué et Irenée Agossa.
Toutefois pour moi, l'analyse de cette liste provisoire reflète une réalité. L'échec de la classe de l'opposition ou du moins de sa stratégie, qui consistait généralement en un rejet des (nouvelles) conditions ou une partie - ce qui est d'ailleurs paradoxal - des conditions permettant de participer aux élections présidentielles. Il en ressort que la stratégie de terre brûlée transposée en politique marche seulement quand une dynamique est installée des mois à l'avance.
Le cas de la classe de l'opposition au Bénin démontre que non seulement la dynamique n'existait pas mais aussi que l'opposition était une grande muette.
L'opposition alors a-t-elle péché par excès de confiance ou par simple orgueil? N'a-t-elle pas, afin de minimiser les gains et de gêner toute progression ultérieure du pouvoir en place, cherché à saccager la place que celui-ci s'apprêtait à prendre en réfutant stricto sensu, les parrainages ?
Comment comprendre dans le même temps que l'opposition réfute le parrainage mais accepte le principe du duo présidentiel ou en ayant encore accepté la nouvelle caution ? Autant de questions qui ne mènent qu'à mot : échec. Échec latent peut-être , mais échec tout de même.
L'opposition béninoise pourra-t-elle trouver la force de se réinventer, au point de renverser la vapeur? Les semaines à venir nous le diront.