Charly Teddy : L'heure est glaive

Mercredi 03 mars 2021, au sortir d'un meeting à Porto-novo, en compagnie de quelques autres candidats à la candidature présidentielle d'avril 2021, Mme Reckya MADOUGOU est arrêtée; manu militari, comme dans un film de "commando sur une bande de malfrats".

Jeudi 04 mars 2021, le Procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) fait une déclaration justifiant ladite opération.

Selon le Procureur Mario METONOU , l'interpellée serait 《...gravement mise en cause dans une procédure d'enquête ouverte le 26 février 2021...》 pour des faits qualifiés de terrorisme. Pas moins que ça ! L'arrestation musclée de Mme Reckya MADOUGOU n'était donc pas un cas de flagrant délit d'actes résultant dudit meeting. La preuve, deux autres participants et animateurs du meeting, qui se trouvaient dans le véhicule de Mme MADOUGOU au moment des faits, ont été sortis et laissés libres de leurs mouvements.

M. Joel AÏVO et M. Moïse KEREKOU, par ailleurs co-candidats à la candidature présidentielle n'intéressaient donc pas le commando de l'opération "MADOUGOU".

De la procédure d'enquête ouverte le 26 février 2021, il était donc loisible d'adresser une convocation à comparaître avant l'interpellation spectaculaire du 03 mars 2021.

Mais sur la conduite de la procédure d'enquête, le Procureur est libre des moyens qu'il juge conséquents.

Dans le cas d'espèce, il n'aurait donc pas trouvé approprié d'inviter au demeurant, Mme Reckya MADOUGOU à aller répondre des faits dont elle serait suspectée.

Si le Procureur a jugé qu'une sommation d'amener de force était justifiée, était-ce parcequ'il y avait des craintes que la mise en cause se dérobe à une convocation ? Voire en arrive à fuir? Le Pouvoir nous est donné pour élever les hommes; par pour en faire un instrument de soumission.

Même dans la contrainte d'ordre, les procédures pénales doivent viser le règlement des situations infrationnelles avec en préoccupation la prévenance sur l'intégrité morale et physique. Les contraintes, surtout physiques, doivent être mues par la solution comportant le moins d'atteinte à la dignité et au respect des intérêts des personnes et de la communauté auxquelles ses contraintes sont imposées. C'est en cela que les dispositions conçues pour régir notre communauté de vie doivent être des mesures au service du bien-être des citoyens; pas des glaives pouvant s'abattre sans prévenance à tout va. Si nos lois ne nous protègent pas de la violence, elles sont attentatoires à notre intégrité.

Charly Teddy