Pince-sans-rire par Amzath Abdoulaye, Consultant Politique
Un ami et frère d'armes idéologiques, Eddy Camille Kotto, m'a demandé, lors d'une séance de travail, si j'avais connaissance du "Discours programme de 1972"?
Évidemment je n'avais qu'une vague idée sur le discours du Général Mathieu Kérékou. Il a insisté plus tard, afin que je le lise en intégralité. La lecture de ce discours m'a permis d'intégrer deux choses.
La première est que depuis la nuit des temps des mesures très fortes ont toujours été prises par nos politiques et secundo, le discours politique, les projets de société, les promesses de campagne et tutti quanti ne sont souvent que piètres reproductions des discours politiques initiaux.
Un peu comme le mythe de Sysyphe, maudit par les dieux, obligé de rouler sa pierre sur le flanc de la montagne, incessamment, éternellement, peut-être bien jusqu'à ce que la mort s'en suive, le discours politique est devenu une redondance.
Le parallèle de Sysyphe avec la politique au Bénin et plus précisément avec le discours politique à la veille de l'élection présidentielle offre la sensation d'un déjà vu. Que dis-je? Plutôt d'un déjà entendu mais, jamais écouté, ni par l'auteur du discours lui-même, ni par les chargés de l'exécution à différents stades, du discours.
A tous les niveaux, on rencontre depuis ce 30 novembre 1972, les mêmes problèmes à savoir : les hommes politiques et la qualité de leurs discours, par ricochet l'exécution problématique de ces derniers.
La politique béninoise et la qualité du discours politique malgré les réformes, particulièrement celles opérées subrepticement entre 2016 et 2020, restent plongées en apnée.
Et comme si cela ne suffisait pas, nos politiques ont une incapacité notoire à tirer les leçons du passé.
Dans leur incapacité notoire à modifier les schèmes mentaux, ils préfèrent faire le choix de faux problèmes et de faux critères, de l'oubli des fins dans l’usage des moyens les plus alambiqués et coûteux. Et quand ils récoltent de piètres résultats, ils trouvent la force de culpabiliser les autres pour leurs erreurs.
L'ignorance des moyens adaptés aux fins, suscitent in fine, des formes multiples d’aveuglement.
La fin du tunnel, tenez-vous bien, n'est pas pour demain. À moins qu'une conscience collective naisse spontanément et est portée par une jeunesse éclairée.