Bénin : Dr Tayewo Kokodé rend « HOMMAGES AUX SOLDATS BÉNINOIS INCONNUS »

J’aimerais ici et maintenant, en lieu et place du post sur la manifestation festive que nous avions faite avec les Mamans du Bénin à la prison de Missrété hier 03 avril 2021, rendre hommage ici et maintenant à un soldat inconnu: un policier dont je tairai le nom afin de protéger du secret médical le peu qui peut encore l’être.

Mon post mes chers amis sera très long.

Mon chemin de médecin a croisé celui du patient accidenté alors que j’allais rendre visite, dans sa clinique, à un autre ami médecin combattant et opposant pacifique à la dictature de TALON, le Dr Fidel MEHOUENOU, figure emblématique qui donne le signal pour l’éveil des consciences, pour ne pas le nommer.

Je garde le souvenir d’un patient grand, gaillard jovial, inquiet mais très digne dans la souffrance avec la conscience que ce qui lui arrivait était très grave.

Le Dr MEHOUENOU, m’a presque extirpé de ma voiture en me faisant l’honneur, en tant que médecin urgentiste, de prendre la direction des soins d’un policier accidenté de la route disait-il dont le cas l’inquiétait. Mon collègue, donnait donc des soins à ceux qui le surveillaient et rôdaient autour de lui tous les pour lui faire peur, et mon collègue semblait très très inquiet pour le policier.

Et moi-même membre du Front pour la Restauration de la Démocratie FRD- Collextif de l’Opposition, membre du Cadre de Concertation National, que ces soldats ont violenté psychologiquement lors de l’arrestation de Reckya à Porto-Novo, trois semaines avant, et à qui les laudateurs essayent de faire peur tous les jours aussi, je devais annuler mon programme de la journée ( j’allais voir ma famille au village), sous cette pluie battante, rien que parce que j’en ai fait l’indéfectible serment. Un serment d’Hippocrate que Fidel et moi respectons et respecteront toujours même s’il s’agissait de notre pire ennemi, comme établi par nos ancêtres médecins et confortés par Henri DUNAND ( créateur de La Croix Rouge).

Nous qui sommes engagés dans une bataille contre son chef, le Chef Suprême des Armées qui refuse de respecter le serment que lui a contracté avec le peuple béninois devant le Président Théodore HOLO le 06 avril 2016 étions tenus de donner à ce jeune monsieur les meilleurs soins qui puissent être à notre disposition. À aucun moment il ne nous est venu à l’idée de violer notre serment, parce qu’un serment est un serment et qu’un serment est sacré.

J’étais donc, ce dimanche 28 mars 2021, au premier plan des soins de ce soldat inconnu, ce policier de la République, qui selon ses dires revenait d’une mission lorsqu’il a fait un léger accident sous la pluie battante.

Sa moto aurait vrillée. Il serait tombé sur la tête. Son casque croyait-il la sauvé. Mais il ressentait une vive douleur au cou et avait perdu l’usage de toute motricité et sensibilité des quatre membres et des sphincters ( tétraplégie). Il me semblait alors évident que les poumons et le cœur pouvaient s’arrêter dans la foulée.

Ce patient de plus de 100 kilos à l’œil nu avait et ramassé par ses collègues et installé dans un pickup de la Police Républicaine recroquevillé sur lui même sur la banquette arrière. Les sachants doivent comprendre pourquoi je relate ce détail.

Le Dr Fidel et moi, avec l’aide des policiers, toujours sous la pluie battante avons alors délicatement extrait comme nous le pouvions de ce cercueil ambulant, le patient en respectant l’axe tête cou tronc, avec la mise sur un brancard, puis la pose du collier cervical disponible. Le patient chez qui nous craignions un arrêt des fonctions respiratoires du fait de la section évidente de sa moelle épinière a été vite transféré avec l’aide des pompiers sur un plan dur et un brancard de la 1ère guerre mondiale, vers le centre hospitalier le plus proche et le plus compétent , où des soins adéquats ont été rapidement faits. Mais, ce qui devait arriver arriva.

C’est avant-hier alors que je préparais la mission sur Missrété que j’ai appris son décès. Ces patients malheureusement décèdent sur la table d’opération ou juste après. L’idéal avant toute chirurgie est l’IRM de la colonne vertébrale et cervicales afin de bien apprécier les lacérations et les autres lésions.

Bref, Béninoises et Béninois, chers compatriotes ce qui a tué notre frère, notre soldat inconnu, c’est une accumulation d’incompétence et non directement l’accident auquel il a survécu au premier abord.

- Première incompétence : celle de ceux qui l’ont ramassé. Le respect de l’axe tête tronc n’a pas été fait. Le patient était couché en quinconces sur une banquette de voiture. Cela aggrave forcément les lésions. Mais ces collègues ne savaient pas. Ils ne sont certainement pas du tout formés où ne l’ont été que très peu aux premiers soins, dont la première règle est: « primum movens non nocéré ». En somme s’abstenir de faire lorsqu’on ne sait pas. Là où le bât blesse, c’est que sans structure de secours adéquats ils ont fait ce qu’ils devaient faire : aider le patient qui plus est, est leur collègue. Ils n’ont pas fait d’erreur.

- La deuxième incompétence c’est celle de la mise en conditions du transport. Il est inconcevable de transporter une suspicion de fracture cervicale dans les conditions où cela a été fait. Le SAMU n’était pas libre, il n’y avait aucune ambulance, et notre patient risquait à n’importe quel moment de décompenser et de mourir. La bétaillère des pompiers que j’ai vue là est vraiment indigne de transporter les enfants du Bénin. Il s’agit d’une vraie atteinte à la dignité du patient.

- La troisième incompétence est celle du plateau technique médical. Un plateau technique, c’est des structures, des machines, des hommes qualifiés et des protocoles bien établies. Notre pays n’a aucun spécialiste en accidentologie capable de travailler dans des conditions optimales: examens complémentaires (scanners IRM et autres dans l’heure. Le CNHU regorge d’histoires de morts d’accidentés sur un brancard faute de soins pour des raisons diverses et variées. Un Deputé laudateur de la rupture a perdu son enfant dans cet hôpital suite à un accident de la voie publique faute d’argent. Ironie du sort le jeune patient, fils de député, avait semble-t-il plus de 500000FCFA dans sa poche. Si les procédures étaient bien huilées on aurait dû vider ses poches pour d’une part avoir son identité correcte et d’autre part mettre ses objets personnels à l’abri. La vie au Bénin ne tient donc qu’à un fil.

Après avoir fait tout ce bruit autour de la réforme de la santé, fermé des cliniques sous des arguments fallacieux le constat reste accablant : c’est pire qu’avant. On meurt toujours autant sinon plus au CNHU alors qu’en face des milliards ont été injectés dans la restauration du Palais.

En somme, la principale cause de ce décès ce n’est pas l’accident de la circulation : c’est le manque de connaissance en accidentologie des secouristes qui l’ont en toute bonne foi ramassé, mais c’est aussi le manque de plateau technique facilement accessible pour les premiers soins puis le manque de plateau technique adéquat disponible qui permettraient aux spécialistes de donner le meilleur d’eux mêmes.

Ce jeune soldat est donc décédé à cause de l’incompétence des gouvernements successifs à doter le Bénin d’un plan de santé crédible et efficace et de structures de santé adéquats.

Ce genre de débat, aurait pu être fait en bonne et due forme après 5 années d’incurie et de verbiage du pouvoir de Patrice TALON. Ce genre de débat, nous aurions pu le faire en analysant les performances du gouvernement de Patrice TALON si ce dernier avait daigné se soumettre au jugement du peuple et n’avait pas décidé de soumettre les grands électeurs et de museler le peuple souverain, ironie du sort, avec la complicité de la même Police Républicaine dont la devise est pourtant : Patrie Honneur et Loyauté.

Le Président Patrice TALON nous doit un bilan détaillé de la réforme de la santé, de même que sur la réforme des forces de sécurité nationale. Je l’exige au cours d’un dialogue national franc qui est encore temps d’organiser en annulant la mascarade d’élection en cours.

Ce débat, n’en déplaise la campagne électorale illégale en cours, sera fait par le Président Patrice TALON et son « désert d’incompétents » à sa solde. Le PAG est un flop, et le Président Patrice TALON le sait malgré le saupoudrage de avec quelques routes faites par ci par-là.

Il aurait tout simplement dû tenir sa promesse en respectant son serment de s’en aller après 5 années de gouvernance et on l’aurait vite oublié. Mais nous le savons tous, « ce qui permet de se faire réélire même lorsqu’on a été médiocre, ce ne sont pas les résultats, mais la capacité à soumettre les grands électeurs ».

Pour en revenir à mon soldat, patient d’une matinée, je reste persuadé que, comme cela se fait dans les pays qui se respectent, la Police lui rendra les honneurs d’un soldat tombé au combat, je l’espère en tout cas pour sa famille et ses enfants le cas échéant.

Pour ma part, honnête citoyen, le lundi 5 avril 2021, à midi j’espère pouvoir, lui déposer une gerbe rose et une bougie aux pied du monument du soldat inconnu à la Place des Martyrs à Cotonou, pour lui, pour tous les soldats morts inconnus et pour tous les soldats qui meurent dans l’indifférence totale, non di fait de leur mission, mais parce qu’on leur fait accomplir des missions avec des moyens inadéquats, qu’ils sont privés de soins adéquats pendant que nos ressources financières sont gaspillées dilapidées dans des dépenses de confort et de prestige.

Béninoise et béninois chers compatriotes : la dictature du développement n’existe pas. Il n’existe aucun développement qui oblige à compromettre la paix en maltraitant les populations.

Depuis plusieurs mois la souffrance de la Police Républicaine et l’exacerbation d’une grande majorité de nos compatriotes policiers qui restent loyaux au gouvernement sont palpables du fait des basses besognes qu’on les oblige à faire et de la dégradation de leur conditions de vie.

Depuis les sorties du Front pour la Restauration et la Démocratie, dans ma voiture, non climatisée où les vitres sont largement ouvertes, ( je n’ai peur de personne), dans tout le pays, après l’étonnement et la joie de me reconnaître, c’est presque des supplications des agents inconnus nous invitant à les aider à améliorer leur situation.

Lors de la manifestation que j’ai organisée à la Prison de MISSRÉTÉ hier 03 avril 2021 et que j’assume complètement ( il s’agissait d’aller chanter et danser pour les détenus politiques dont Reckya Madougou qui était à son 30eme jour d’incarcération), la Police Répucaine qui nous a repoussés de la plus ferme et la plus professionnelle des manières était presque désolée de le faire. Jamais de ma vie je n’avais encore vu un officier s’excuser d’avoir bien fait son travail ( cet officier se reconnaîtra).

Béninoises mes sœurs, Béninois mes frères, les policiers ne sont pas nos adversaires j’en suis de plus en plus sûr.

C’est bien pour cela que le 05 avril 2021 à midi je déposerai une insignifiante gerbe à mon soldat inconnu tombé sur le champ de bataille et je lui allumerai une cierge. Je serai certainement avec quelques amis. Nous aurons ni banderole et ne proférerons aucun slogan hostile: ce ne sera pas encore l’heure.

De la place des martyrs j’inviterai à midi zéro zéro tout le peuple béninois à une minute de silence, en l’honneur de tous nos soldats inconnus. Une parenthèse de quelques minutes, dans le combat politique que nous menons contre le Président Patrice TALON pour le contraindre à la restauration de la démocratie. Comme à nos habitudes nous agirons dans le calme et la dignité.

J’aurais tellement voulu avoir à mes côté Monsieur Soumaïla ALLABI YAYA Directeur Général de la Police Républicaine, non pour qu’il m’embarque pour trouble à l’ordre publique mais pour qu’il dépose cette gerbe avec moi et réconcilie la Police Républicaine avec son peuple auquel il doit rester loyal. Mais...

Dans tous les cas, j’espère que la Police Républicaine et l’Armée en Alerte Rouge , veilleront à ce que ceux qui canardent les opposants ou ceux qui les empêchent de jouer leur rôle d’opposants ne viennent troubler ce moment de recueillement solennel qui je l’espère sera celui de tout un peuple pour un instant réconcilié avec ces soldats.

Je partirai de devant la Clinique les Cocotiers avec une poignée d’amis à 11H30 à pieds. Advienne que pourra.

Vous me permettrez de finir, en adressant, mes condoléances les plus attristées à la famille du défunt. Qu’il repose en paix.

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