Je n'ai pas une deuxième nationalité

Mes cher(es) ami(es), Mes frères d'ici et d'ailleurs

Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Ne permettons pas à ce que la digue cède, en cela chacun de nous peut contribuer de quelconque façon.

Pacifier les coeurs n'est pas un combat facile et ressouder les fractures sans la vérité n'est que farce. Trouver les voies et les voix qui nous permettent d'être toujours en mouvement vers un plus grand raffinement de nous-même demande un effort de chacun et de tous.

Je suis les evénements dans le centre et le nord du Bénin avec beaucoup de tristesse. Je me sens directement concerné parce que je suis Béninois. Mais le curseur est en train d'être placé, là où les mains de tolérance ne peuvent plus atteindre. Et donc, il ne reste plus que le pardon. Qu'on le demande ou qu'on l'accorde, le pardon est une grâce.

Mais il n'y a pas de pardon sans la vérité. Puisqu'il faut se dire la vérité pour pardonner, je ne peux tricher avec mon âme et conscience. Ce que nous vivons depuis un moment dans ce pays est inacceptable et complètement en déphasage avec le pays qui m'a vu grandir et que je chéris. Nous méritons ce pays parce que ce pays nous mérite.

Demain, ce 11 Avril, qu'on sorte voter ou pas. Sur notre acte de naissance et nos cartes, on sera Béninois. Le Bénin c'est quelque-chose de plus grand que nous, c'est quelque-chose qui dépasse nos petites vies et on lui doit respect et reconnaissance. Nous devons éviter à tout prix qu'il sombre. C'est de notre responsabilité.

L'amour, c'est donner car c'est ce que l'on donne qui grandit en nous. Et puisqu'il faut tout se dire, quelle image du Bénin, voulons-nous donner au monde et à nous- même? Une image de barbare et de brute? une image des gens prêts à tout foutre en l'air pour des broutilles, leurs hypothétiques salut ?

Je m'exprime rarement sur des sujets politiques mais en ce qui concerne la paix je préfère lutter au lieu de me taire et de me terrer dans un confort illusoire.

Du reste, la répression répétée des populations est porteuse des gênes de désolation. Tout État qui s'amuse à confondre le citoyen et l'esclave, ou même à un apprenti- terroriste, ruse avec sa propre légitimité.

Il n'est jamais trop tard pour dialoguer car nos idées sont plus durables et leurs engagements plus vivaces que tout. Le dialogue avant le conflit, c'est pour les hommes sages et visionnaires, mais le dialogue pendant le conflit est encore plus valeureux, c'est la preuve de notre capacité à faire corps avec ce que nous sommes, des hommes de paix.

Je n'ai pas une deuxième nationalité, je n'ai que ce pays

"tout est vanité".

Je suis pour le Bénin Je suis pour la paix.

Yves Biaou