Il y a des victoires dont il faut avoir honte, pour ne pas porter le sacre du sans vergogne.
Un jour, par fanfaronnade, un potentat revendiquait d'être le meilleur combattant de son village. Il défiait, à tout-va, quelque challenger et promettait à qui relèverait le défi de l'affronter, une de ces corrections qui ferait regretter au prétendant, son jour de naissance.
Par gong et tambour, il annonça que de l'affrontement, même par temps de pluie et d'orage, de la boue de l'arène de combat, il fera tourbillonner la poussière en battant son adversaire. Puis, le jour J, quelle ne fut la surprise des spectateurs de découvrir au centre du ring, le famélique et rachitique sans-dent du village, maquillé en combattant de circonstance et tenant à peine sur ses jambes.
Sans crier gare, et avant que le coup de gong du début de combat ne soit donné, voici le chef du village qui par surprise et par derrière, assomma le pauvre gringalet qui était déjà mal en point dans le rôle qu'on lui faisait jouer.
Quelques badauds et supporters du chef de village, combattant sans honneur et panache, envahirent le ring et portèrent en triomphe le vainqueur par supercherie et traîtrise. Le chef de village n'avait pas pour autant modeste triomphalisme. Peu importait que sa victoire soit volée à la hussarde, seules comptent la ceinture et la couronne usurpées de vainqueur.
Loin de la fierté et la grandeur du noble combattant pour qui le triomphe porte la tenue du mérite.