EN D'HOMMAGE À BÉCHIR BEN YAHMED : LA PRESSE D’UNE AFRIQUE DÉPLUMÉE

Le vieux de Jeune Afrique s’en est allé.

Béchir Ben Yahmed qui s’est éteint, c’est une bibliothèque de la Presse sur l’Afrique qui brûle. Une révérence tirée le 3 mai, jour consacré à la liberté de la Presse dont il est un monument de référence ; c’est tout un symbole. L’expression d’un destin intimement lié avec l’Afrique par la Presse.

On doit à BBY (comme il signait de sigle) de célèbres éditoriaux estampillés CE QUE JE CROIS. Plus de Soixante ans de convictions martelées chaque semaine dans un hebdomadaire qu’il a fondé et dirigé jusqu’à ces dernières années, avant de passer la main à deux de ses enfants. Mais la plume de BBY ne s’est pas pour autant rangée.

Il a continué à tracer des lignes, à travers La Revue, bimestriel créé en 2003 en complément de Jeune Afrique, Jeune Afrique Magazine et autres.

On doit surtout à Béchir Ben Yahmed, la visibilité, et une certaine représentation de l’Afrique dans l’opinion française et francophone.

Un certain regard et une influence certaine ; ce qui n’a certainement pas été sans susciter, de l’intérêt, de la convoitise, de fortes sollicitations; et des jeux de pouvoirs qui ont jeté parfois des suspicions et des allégations d’entrisme dans la gestion de Jeune Afrique.

La publication de 61 ans, pour rester Jeune Afrique, avec le poids des relations d’affinités et la crise du lectorat aggravé par les TIC, a dû s’ouvrir à des publireportages controversés. Evidemment peut-on, honnêtement, demeurer jeune sans quelques coups de lifting à la ligne éditoriale d’une aventure lancée en 1960, au plus fort de la fougue conquérante des années d’indépendances africaines ? C’est une question qui se pose aux détracteurs de Béchir Ben Yahmed, dont quasiment toute la vie a été consacrée à la promotion médiatique de l’Afrique.

C’est ce que je crois

Pendant ce temps, la presse béninoise a célébré la journée mondiale de la liberté de la Presse dans une atonie qui se répète, d’année en année, avec une synchronie qui fait préférer la presse internationale aux médias nationaux.

La première sortie du nouveau Président Patrice TALON, à sa propre succession, s’est faite en compagnie de Èrèfi et Francevinquatre. Deux médias d’audience africaine émettant depuis la France.

Il n’y a pas mieux pour débattre de l’actualité nationale et communiquer avec l’opinion internationale.

La presse nationale, jugée probablement trop amorphe pour relancer sur les sujets à tension qui « terrorisent » le pays depuis quelques mois, n’a donc pas eu la primeur des premières déclarations de PATAL 2. Les médias nationaux se contenteront de relayer les confrères Christophe Boisbouvier et Marc Perelman, plus fréquentables et mieux à la hauteur des enjeux de communication du deuxième mandat ravisé.

D’ici éventuellement le troisième mandat, 《...si dieu nous prête vie...》, Agbonnon, le maître du souffle, convierait la presse nationale pour constater la tenue des promesses d’aujourd’hui. Il reste toutefois à la presse nationale des sujets réservés de grand intérêt ; comme le statut de l’opposition ‘’ vraie’’ dont le chef de file, Paulou 1er, vient de recevoir son adoubement par décret présidentiel.

Au fait ! A-t-on besoin de décréter un chef de file pour une opposition au Pouvoir ?

C’est ce que je crois

Ted Lapirus

Hebdoscopie Le Déchaîné Du Jeudi N°144