EXPOSITION DES TENUES EGUNGUN : LES MYSTÈRES DE LA FOIRE

Bas les masques ! Quand dans des lieux dépaysés, sur des mannequins de circonstances, des mains profanes apprêtent, pour une exposition, au grand public, des vêtements cultuels de divinités d’ailleurs, est-ce juste de l’émotion nègre de s’en émouvoir, voire s’en offusquer, de voir livrer à la banalité, le sacré qu’incarnent pour d’autres, ces vestis ? Grand commis culturel de son État, Florent Couao Zotti, tombe le masque et fustige le tout émotion qu’il décèle chez les ahuris par les habitats de Egunguns déportés dans un Musée du Vodoun à Strasbourg.

Comme le personnage d'animation de fiction, Shrek, qui accepte une mission périlleuse pour avoir la paix dans son marais envahi par des pollueurs, l’Écrivain Conseiller à la culture au Ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts poste sur sa page Facebook, 18/05/2021, un plaidoyer en démystification du vénéré. Ce n’est qu’une affaire de commerce dit-il. il n’y a point de sacré en ces « masques » ; comme il confond expressément les apparats par lesquels les esprits des morts sont incarnés ici bas. « On crie à l’anathème lorsque le patrimoine cultuel, celui qui nous permet de commercer (Sic) avec les esprits et les déités de nos panthéons, est exposé au regard du profane».

Mais là où l’Autorité Conseil n’y voit qu’esprit mercantile, les adeptes des Egunguns eux y voient communion avec l’au-delà. Chacun forge sa foi par la culture qui l’habite.

Et comme, « … l’émotion n’est pas seulement nègre, elle fait la masse, cette entité moutonnante (re sic) qui réagit à fleur de peau …. » sermonne le Conseiller à la culture.

« … les peuples du Nord [qui] ont créé une césure avec les croyances de leurs ancêtres. ils ne jurent que par les dieux des finances et le tout économie.»

Qu’en savons-nous?

D’où viennent ces vêtements qui font des froufrous d’émoi, questionne l’Écrivain Conseiller. -《Ont-ils été achetés dans un couvent du Bénin, au nigeria ou au Togo?》 et donc avec la charge mystique ? Ou confectionnés en contrefaçon dans un atelier en France ou en Chine?

Ce sont là, quelques questions postées et versées dans le débat qui anime la toile au sujet de la sacralité des vestiges de tenues de cultes, objets de transactions dans un Musée strasbourgeois. De quoi faire un discours sur la démystification des objets cultuels livrés à la foire du tourisme. Mais question subsidiaire autour de ces questions essentielles du Conseiller ‘’Flocouzo’’ : Est-ce le Ministre de Tutelle, Jean Michel ABIMBOLA, annoncé de retour bientôt parmi les siens de Adja-Ouèrè natal, qui y défendrait la banalité de ces tenues de cultes exposées à la curiosité marchande, en dehors de la cité ? Le bout de bois anodin des uns est un monument sacré pour d’autres.

La vénalité des choses de l’esprit, en foire du tout marchand, ne doit pas ignorer la sacralité des choses de l’esprit. Comme on fait son nid, on y couve.

Ted Lapirus

Hebdoscopie Le Déchaîné Du Jeudi N°146