Une nouvelle loi votée lors de la transition en cours au Mali a suscité de vives inquiétudes. En effet, elle permet aux militaires membres des organes dirigeants de la transition de se présenter aux élections, à condition de rendre leur démission quatre mois avant la tenue des élections. Cette nouvelle disposition a été relevée par la Mission d'observation des élections au Mali (Modèle Mali) dans son dernier rapport. Alors que la Charte de la transition interdit clairement au président de se présenter aux prochaines élections, cette loi risque de mettre le feu aux poudres, car elle ouvre la voie à une potentielle réélection du président de transition, le colonel Assimi Goïta.
En effet, le terrain a été balisé dans la version révisée de la Charte, de sorte qu'en cas de vacance de la présidence de la transition, le président du Conseil national de transition (CNT), qui est son frère d'armes, puisse le remplacer. Cette situation pourrait susciter de vives tensions au Mali, déjà confronté à une crise sécuritaire préoccupante. La nouvelle loi est loin de faire l'unanimité et pourrait conduire à une crise pré et post-électorale d'envergure. La classe politique et la société civile devraient tirer les longs couteaux pour éviter une telle situation, alors que le pays a besoin d'aller à des élections dans la sérénité, avec l'accompagnement de la communauté internationale pour l'aider à sortir de la mauvaise passe qu'il traverse. Le colonel Assimi Goïta gagnerait à marcher sur les pas de ses aînés, qui ont su rétablir la démocratie dans leur pays respectif au terme des transitions qu'ils ont menées à la suite de coups d'État.