Un rapport publié dans la revue Nature Ecology & Evolution révèle que des scientifiques peuvent récupérer des informations médicales et généalogiques à partir de fragments minuscules d'ADN humain présents dans l'environnement. Cette découverte soulève des questions éthiques et légales concernant la vie privée et les libertés civiles.
Au cours des dernières années, les chercheurs ont développé des techniques pour récupérer l'ADN environnemental, ou eDNA, qui sont de petites quantités de matériel génétique laissées par tous les êtres vivants. L'eDNA est utilisé par les écologistes pour détecter les espèces invasives, suivre les populations d'animaux sauvages vulnérables ou retrouver des espèces supposées éteintes. Cependant, les chercheurs ont également récupéré involontairement des quantités importantes d'ADN humain.
Le rapport montre que même de petits échantillons d'ADN humain peuvent révéler des informations précieuses sur les personnes d'une région donnée, telles que l'ascendance génétique et les risques de maladies. Cela soulève des préoccupations quant à l'utilisation de ces techniques pour la surveillance de certaines populations ou pour l'identification individuelle à partir de l'ADN récupéré dans l'environnement.
Les chercheurs soulignent que des réglementations plus strictes sur la confidentialité génétique sont nécessaires pour protéger la vie privée des individus. Ils mettent également en évidence un déséquilibre dans les règles entourant ces techniques aux États-Unis, où il est plus facile pour les forces de l'ordre d'utiliser des technologies non éprouvées que pour les chercheurs scientifiques d'obtenir l'approbation de leurs études.
L'utilisation potentielle de l'eDNA pour la surveillance et les enquêtes criminelles soulève des préoccupations quant à l'identification de certaines personnes en fonction de leur ascendance ou de leurs conditions médicales. Les conséquences dépendent de qui utilise la technologie et dans quel but. Bien que les échantillons d'eDNA puissent être utiles pour des études de santé publique, ils pourraient également être utilisés pour cibler et persécuter des minorités ethniques.
Il est essentiel de mettre en place des réglementations solides pour encadrer l'utilisation de l'eDNA et protéger les droits et la vie privée des individus. Les experts soulignent également l'importance des débats éthiques et juridiques sur ces nouvelles techniques génétiques avant qu'elles ne soient largement utilisées.