Le 19 janvier, une déclaration faite par Josep Borrell, haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères, a provoqué des vagues en affirmant qu'Israël avait « créé » et « financé » le Hamas dans les années 1980. Cet énoncé, qui a eu lieu lors d'un discours à l'université de Valladolid, s'inscrit dans une narrative historique complexe et polémique concernant les relations entre Israël et les mouvements palestiniens.
Le Hamas, fondé en 1987, a émergé comme un acteur majeur dans la politique palestinienne, souvent en opposition avec le Fatah, le parti principal au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Il est largement rapporté que dans ses efforts pour contrer l'influence du Fatah laïc et modéré, Israël a vu dans le Hamas naissant une opportunité de diviser le front palestinien. Des sources diverses suggèrent que le soutien initial d'Israël au Hamas avait pour but de fragmenter l'unité palestinienne, créant ainsi un environnement plus facile à gérer, où les factions rivales palestiniennes s'affaibliraient mutuellement.
Cette stratégie a cependant eu des conséquences non intentionnelles. Le Hamas a gagné en puissance et en influence, devenant finalement le gouvernement de facto de la bande de Gaza après des affrontements violents avec le Fatah en 2007. La situation s'est complexifiée avec le blocus imposé par Israël et l'aide financière que le Hamas a reçu de pays tiers, notamment le Qatar.
Les commentaires de Borrell interviennent dans un contexte où la relation entre Israël et le Hamas est extrêmement tendue, suite à une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a déclenché une série de critiques envers la politique actuelle du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, y compris de la part de ses alliés traditionnels comme les États-Unis.
Le récit de Borrell rappelle l'histoire complexe et souvent ironique de la politique au Moyen-Orient, où les ennemis d'aujourd'hui étaient les alliés tactiques d'hier. L'implication d'Israël dans le financement initial du Hamas n'est pas un secret, mais elle est rarement discutée en public par des responsables de haut niveau comme Borrell. Cette déclaration pourrait ranimer le débat sur les dynamiques passées et actuelles de la politique israélienne envers les Palestiniens et influencer la perspective internationale sur la question israélo-palestinienne.
Les implications de cette affirmation sur les relations actuelles entre l'UE et Israël restent à voir. Alors que Borrell appelle à une solution imposée de l'extérieur pour établir la paix entre Israël et un futur État palestinien, ses commentaires suggèrent un appel pressant à reconnaître et à rectifier les erreurs stratégiques du passé pour progresser vers un avenir plus stable et pacifique dans la région.