Le groupe Monsanto, récemment acquis par le géant allemand Bayer, fait face à une condamnation majeure. Le vendredi dernier, un tribunal de Philadelphie a ordonné à Monsanto de verser 2,25 milliards de dollars à John McKivison, un homme affirmant que son lymphome non-hodgkinien était causé par l'utilisation prolongée du Roundup, un désherbant dont le principe actif est le glyphosate. Cette somme se décompose en 2 milliards de dollars de dommages punitifs et 250 millions de dollars de dommages compensatoires.
Cette décision survient dans un contexte où le glyphosate, utilisé dans le Roundup, est classé comme « cancérigène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cependant, Bayer conteste la nocivité du glyphosate, arguant que le jugement « est en conflit avec le poids écrasant des preuves scientifiques et des évaluations réglementaires et scientifiques mondiales ».
Cet événement marque une étape significative dans les litiges entourant le Roundup. Bayer a déjà été confronté à de multiples procès liés à cet herbicide, notamment un jugement de 1,5 milliard de dollars prononcé par un tribunal du Missouri. En réponse à ces défis légaux, Bayer a mis de côté environ 6 milliards d'euros pour gérer les litiges liés au glyphosate.
Cette série de défaites judiciaires soulève des questions sur la stratégie de Bayer concernant la défense du Roundup. Malgré les contestations, la firme reste déterminée à se battre contre ces accusations en s'appuyant sur des études indiquant la sécurité du glyphosate pour l'usage humain.
Ce jugement récent pourrait avoir des implications importantes pour Bayer, tant sur le plan financier que sur sa réputation, et pourrait inciter d'autres victimes présumées à intenter des actions en justice.
Le glyphosate est un herbicide largement utilisé dans le monde entier, connu principalement pour son utilisation dans le produit Roundup de Monsanto. Découvert en 1970 par John E. Franz, un chimiste travaillant pour Monsanto, le glyphosate a été introduit sur le marché agricole en 1974. Il agit en inhibant une enzyme essentielle à la croissance des plantes, ce qui en fait un outil efficace pour le contrôle des mauvaises herbes.
Depuis sa découverte, le glyphosate est devenu l'herbicide le plus utilisé dans le monde. Il a été largement adopté pour son efficacité, notamment dans les systèmes agricoles utilisant des cultures génétiquement modifiées pour résister au glyphosate, permettant aux agriculteurs de tuer les mauvaises herbes sans endommager leurs récoltes.
Toutefois, son utilisation a suscité de nombreuses controverses, en particulier en ce qui concerne ses effets sur la santé et l'environnement. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l'OMS, a classé le glyphosate comme « probablement cancérogène pour l'homme », en se basant sur des preuves de cancérogénicité observées dans des études sur des animaux de laboratoire. Ce classement a déclenché un débat mondial sur la sécurité du glyphosate, avec des évaluations variées de la part des agences réglementaires à travers le monde.
Certains pays et régions ont imposé des restrictions ou des interdictions sur l'utilisation du glyphosate, tandis que d'autres continuent de l'approuver pour une utilisation agricole. La controverse autour du glyphosate a également conduit à une multitude de procès, principalement aux États-Unis, où des individus ont attribué leurs cancers, en particulier le lymphome non-hodgkinien, à l'exposition au Roundup.
Le débat sur le glyphosate soulève des questions importantes sur la réglementation des produits chimiques dans l'agriculture, l'évaluation des risques pour la santé et l'environnement, et la transparence des études et des données scientifiques. La décision récente du tribunal de Philadelphie s'inscrit dans ce contexte global de préoccupations croissantes concernant la sécurité du glyphosate.