La fin d'une ère : le Niger rompt les liens militaires avec les États-Unis

Le 16 mars, le Niger a franchi un cap décisif dans sa politique extérieure en déclarant la fin de l'accord de coopération militaire avec les États-Unis, signé en 2012. Cette rupture, qualifiée d'"illégale" par le régime militaire actuellement au pouvoir à Niamey, symbolise non seulement une volonté d'affirmation de souveraineté mais également un moment de réajustement dans l'équilibre des influences étrangères en Afrique de l'Ouest.

Le coup d'État du 26 juillet 2023, qui a porté les militaires au pouvoir en renversant le président élu Mohamed Bazoum, a été le prélude à cette décision radicale. Les États-Unis, qui avaient suspendu leur coopération avec le Niger suite à ce coup, se retrouvent désormais confrontés à un défi majeur. En effet, leur présence, incarnée par quelque 1 100 soldats et une base de drones à Agadez, était cruciale dans la lutte antijihadiste dans la région.

La démarche du Niger s'inscrit dans un contexte où les pays de la région, à l'instar du Burkina et du Mali, également gouvernés par des militaires, se rapprochent et cherchent des alternatives en termes de partenariats internationaux, notamment avec des pays comme l'Iran ou la Russie. Ce réalignement soulève des questions sur l'avenir de la coopération sécuritaire et le combat contre le jihadisme en Afrique de l'Ouest.

La rupture a été précipitée par une visite peu fructueuse d'une délégation américaine à Niamey, marquée par des désaccords sur les protocoles diplomatiques et perçue comme un manque de respect envers la souveraineté du Niger. La réaction de Niamey, traduisant une frustration vis-à-vis de ce qu'ils considèrent comme une attitude condescendante des États-Unis, est significative d'une aspiration plus large à une autonomie accrue dans les affaires internes et externes.

Malgré cette rupture, le colonel Amadou Abdramane, porte-parole du régime, a évoqué l'engagement du Niger à retourner à un ordre constitutionnel, marquant une volonté de stabilisation et de gouvernance démocratique. La période de transition, envisagée pour durer au maximum trois ans, est censée déboucher sur un dialogue national.

Ce tournant géopolitique intervient également dans un moment où le Niger, aux côtés du Burkina et du Mali, cherche à intensifier la lutte contre le jihadisme à travers la création d'une force conjointe. Cette initiative, loin de l'ombre de la CEDEAO qui avait auparavant sanctionné ces pays suite à leurs coups d'État, indique une nouvelle dynamique régionale qui pourrait redéfinir les stratégies de sécurité et de coopération internationale en Afrique de l'Ouest.

Niger, coopération militaire, États-Unis, coup d'État, lutte antijihadiste, souveraineté, géopolitique Afrique de l'Ouest, relations internationales, transition démocratique

Illustration représentant une carte de l'Afrique de l'Ouest, avec le Niger au centre, entouré des drapeaux des États-Unis, de la France, du Burkina Faso, et du Mali. En arrière-plan, des silhouettes de soldats et de drones symbolisent la présence militaire et la lutte antijihadiste.

- Relations Internationales - Sécurité et Défense - Afrique