Réallouer les fonds des cantines scolaires au Bénin : un choix stratégique pour nourrir toute la famille

Le programme des cantines scolaires au Bénin, loué pour son rôle dans la lutte contre la faim et le décrochage scolaire, soulève aujourd’hui des interrogations. Avec un coût moyen de 13 600 francs CFA par repas et par enfant, une année académique de 165 jours revient à 2 244 000 francs CFA par élève, soit près de 187 000 francs CFA par mois.

Pour une famille béninoise typique, ce montant représente environ quatre fois le salaire moyen mensuel, estimé à 50 000 francs CFA. Lorsque deux enfants sont inscrits à l’école, le coût annuel des repas atteint un total ahurissant de 4 488 000 francs CFA, équivalent à plus de six salaires annuels combinés.

Face à ces chiffres, il est légitime de se demander si les fonds investis dans les cantines scolaires ne pourraient pas être utilisés plus efficacement. Une redistribution directe aux familles, sous forme de transferts monétaires conditionnés, permettrait :

D’assurer une alimentation équilibrée pour l’ensemble de la famille

De réduire les inégalités sociales

D’encourager l’autonomisation économique

Bien que les cantines scolaires répondent à un besoin crucial, leur impact reste limité au seul enfant scolarisé. À titre de comparaison, un parent recevant 187 000 francs CFA par mois pourrait : - Acheter de la nourriture locale pour nourrir tous les membres de la famille. - Payer des frais médicaux à l’enfants. - Réduire les risques d’endettement liés à des dépenses imprévues.

Malgré ces arguments, il reste essentiel de préserver les cantines dans les zones rurales isolées, où l’insécurité alimentaire est critique et où les marchés locaux sont peu fiables. Dans ces régions, les cantines peuvent être optimisées en :

- Collaborant avec des producteurs locaux pour réduire les coûts d’approvisionnement. - Introduisant des jardins scolaires pour garantir un apport en produits frais.

Dans les zones urbaines ou semi-urbaines, cependant, les transferts monétaires pourraient être une solution plus adaptée, répondant à des besoins variés au-delà de la simple alimentation.

Il est temps de repenser l’utilisation des fonds alloués aux cantines scolaires au Bénin. Alors que les intentions initiales de ces programmes sont louables, les coûts disproportionnés montrent que d’autres solutions, comme la redistribution directe, pourraient maximiser l’impact social et économique.

Une réallocation judicieuse des ressources permettrait d’assurer non seulement la nutrition des enfants, mais aussi d’améliorer les conditions de vie générales des familles béninoises.