Guerre commerciale sino-américaine : une fenêtre stratégique pour l’Afrique

Un affrontement entre titans peut parfois ouvrir des brèches inattendues pour les autres. C’est le cas de la guerre commerciale sino-américaine, qui, en ralentissant certains flux traditionnels d’exportations et en créant des surplus sur les marchés asiatiques et européens, offre à l’Afrique un levier de repositionnement économique inédit.

Avec la montée des droits de douane imposés par l’administration Trump, notamment sur les batteries, les semi-conducteurs, ou encore certains produits agricoles, les produits chinois et européens se heurtent à des barrières sur le marché américain. Résultat : des stocks excédentaires qu’il faut écouler ailleurs.

L’Afrique, avec sa croissance démographique, sa demande en biens de consommation abordables, et son intérêt croissant pour l’accès technologique, devient une cible de choix pour les redirections commerciales.

Des biens à bas prix, autrefois destinés aux États-Unis, sont désormais proposés sur le continent africain à des tarifs compétitifs. Il s’agit là d’une dynamique bénéfique pour les ménages, qui peuvent accéder à davantage de produits de qualité, tout en favorisant la concurrence locale et l’innovation.

De plus, les pays africains exportateurs de matières premières (minerais, cacao, café, coton…) bénéficient de la recherche de fournisseurs alternatifs par la Chine et l’Europe pour compenser leurs pertes américaines.

Autre effet positif : le déséquilibre mondial pousse les États africains à regarder davantage vers eux-mêmes, stimulant les mécanismes de coopération économique régionale comme la ZLECAF (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine). L’objectif ? Mieux absorber les chocs extérieurs et renforcer le commerce intra-africain.

Cependant, cette opportunité comporte aussi des risques. L’inondation du marché africain par des produits étrangers pourrait affaiblir certaines filières locales, déjà fragiles. Il est donc impératif que les gouvernements africains encadrent ces nouvelles dynamiques pour protéger la production locale tout en profitant de la manne extérieure.