🧠 Demis Hassabis : « L’intelligence artificielle va transformer le monde dix fois plus vite que la Révolution industrielle »

##h2 Un cerveau d’élite, un regard lucide sur l’avenir

Il n’a que 49 ans, mais Demis Hassabis est déjà considéré comme l’un des plus grands esprits de notre époque. À la tête de DeepMind, la division d’intelligence artificielle de Google, il est aussi l’un des rares scientifiques à avoir reçu le prix Nobel de chimie pour avoir utilisé l’IA afin de résoudre l’un des plus grands mystères biologiques : la structure des protéines. Pourtant, au-delà de ses succès en laboratoire, c’est sa vision de l’avenir de l’humanité qui retient l’attention du monde entier.

Pour lui, une révolution encore plus puissante que celle du XIXe siècle est sur le point de commencer. Il parle de « transformation dix fois plus importante et dix fois plus rapide que la Révolution industrielle ». Le moteur de ce changement ? L’intelligence artificielle générale.

L’intelligence artificielle générale, ou AGI, désigne une forme avancée d’IA capable de reproduire toutes les capacités cognitives humaines : apprendre, raisonner, comprendre, créer et même anticiper. Contrairement aux intelligences artificielles actuelles, spécialisées dans des tâches précises (comme générer un texte, traduire une langue ou analyser une image), une AGI serait dotée d’une polyvalence intellectuelle proche - voire supérieure - à celle de l’être humain.

Selon Hassabis, cette AGI pourrait voir le jour dans les cinq à dix prochaines années. Cela signifie que nous vivons peut-être les dernières années d’une civilisation pré-AGI, avant un changement irréversible.

Dans sa vision, cette révolution pourrait nous conduire vers un monde d’abondance radicale : traitements médicaux révolutionnaires, énergie propre illimitée, avancées scientifiques fulgurantes, démocratisation du savoir… « Pour la première fois dans l’Histoire, nous pourrions vivre dans un monde où tout n’est pas un jeu à somme nulle », affirme-t-il.

Mais il ne cache pas non plus les dangers qui accompagnent cette accélération :

• Remplacement massif des emplois humains, notamment dans les secteurs de la connaissance, du transport, ou encore de l’éducation.

• Manipulation de l’information, via des contenus générés automatiquement et indétectables.

• Impact environnemental énorme, dû à l’énergie colossale consommée par les centres de données.

• Concentration du pouvoir, entre les mains de quelques géants technologiques.

Fils d’un musicien grec-chypriote et d’une mère sino-singapourienne, ancien prodige des échecs devenu informaticien, neuroscientifique, puis entrepreneur, Demis Hassabis incarne cette hybridité entre art, science et stratégie. Pour lui, l’avenir de l’IA ne doit pas se jouer uniquement dans les laboratoires ou les salles de conseil d’entreprise.

Il appelle à une participation collective : philosophes, économistes, artistes, éducateurs, citoyens… tous doivent réfléchir à ce que signifie « être humain » à l’ère des machines pensantes. « Nous avons besoin de redéfinir ce qu’est le sens, le but, l’accomplissement — dans un monde où nous ne travaillerons peut-être plus par nécessité, mais par choix », affirme-t-il.

L’intelligence artificielle générale n’est plus un fantasme de science-fiction. C’est une perspective concrète, aux conséquences vertigineuses. La question n’est plus de savoir si elle arrivera, mais quand - et comment nous l’accueillerons.

Demis Hassabis, optimiste mais prudent, en appelle à la responsabilité collective : « Si nous réussissons à la maîtriser, cette technologie pourrait permettre à l’humanité de résoudre ses plus grands défis, de la pauvreté à la maladie, en passant par le climat. Mais mal utilisée, elle pourrait aussi amplifier nos fragilités. »

Le compte à rebours a commencé. Il ne s’agit pas seulement de bâtir des intelligences artificielles puissantes. Il s’agit de bâtir un futur juste, inclusif et digne pour tous.